La France après Monaco
LA G5 – "La 5G sur la rampe de lancement en France"
Lundi 15 juillet 2019
Par Sébastien Dumoulin et Raphael Balenieri
La 5G sur la rampe de lancement en France
L'Arcep doit révéler cette semaine les modalités précises du processus d'enchères pour l'attribution aux opérateurs télécoms de fréquences 5G. Le lancement commercial est attendu pour 2020. Le gouvernement exige qu'aucune zone, y compris rurale, ne soit délaissée.
C'est un événement qui n'arrive que tous les dix ans dans les télécoms : le lancement d'une nouvelle génération de réseaux mobiles. Sans surprise, les opérateurs sont donc impatients de savoir quand et comment ils pourront offrir la 5G - grâce à laquelle les débits théoriques sont décuplés - à leurs clients.
Mais avant d'ériger de nouveaux pylônes à travers l'Hexagone, il leur faut acquérir des licences, pour utiliser les fréquences radio idoines. L'attribution de la bande clef de la 5G, comprise entre 3,4 et 3,8 GHz, aura lieu en fin d'année. L'Arcep, le régulateur des télécoms, à qui il revient d'en définir les modalités, doit révéler son « cahier des charges » cette semaine.
Les écueils de la 4G
Selon nos informations, celui-ci imposerait des obligations de couverture très conséquentes dès le départ. Le sujet est politique. Il importe au plus haut sommet de l'Etat que l'on ne reproduise pas avec la 5G les erreurs de la 4G, c'est-à-dire constater dans quelques années que la couverture est très en retard sur les attentes de la population et, surtout, qu'une fracture territoriale divise villes et campagnes. Une fracture qui - le gouvernement en est convaincu - alimente la montée des extrêmes.
Pour éviter ces écueils, le régulateur a l'intention d'innover par rapport aux enchères précédentes. Comme Les Echos l'indiquaient récemment, il n'imposerait plus des pourcentages du territoire ou de la population à couvrir dans un délai prédéfini. Ces exigences ont prouvé par le passé qu'il était difficile de tomber juste.
Le monde fabuleux de la 5G
Autrement dit, peu importe qu'il s'agisse d'une très bonne 4G ou de 5G, une vaste proportion des antennes devraient, dans trois ans, fournir un débit considérable aux utilisateurs. Et ce pourcentage augmenterait avec le temps pour atteindre finalement l'intégralité du réseau.
Les campagnes à l'honneur
Contrairement à ce qui s'était passé pour la 4G, les campagnes ne sont pas oubliées. Pour éviter que la 5G ne profite qu'aux grandes métropoles, où les opérateurs sont naturellement incités à déployer par la force de la demande, des mesures destinées à préserver l'équilibre territorial sont prévues. Grosso modo, un petit quart des nouveaux sites devrait expressément se situer dans les zones les moins bien couvertes.
D'autres obligations sont déjà connues, puisqu'elles sont communes à tous les pays de l'Union européenne. Il s'agit notamment de couvrir une grande ville dès 2020 ou encore les principaux axes routiers en 2025 - ce qui représente un investissement conséquent dans le contexte français.
Un prix raisonnable
Toutes ces obligations viendront minorer, bien entendu, le prix que les opérateurs seront prêts à payer au total. Selon diverses projections, celui-ci pourrait n'atteindre que 2 milliards d'euros.
Mais, vu de la fenêtre des opérateurs, ce n'est pas forcément un sujet de réjouissance. Ces derniers temps, certains d'entre eux redoutaient même une telle issue. "Il vaudrait mieux payer un peu plus cher pour les fréquences, si cela permet de ne pas avoir à investir obligatoirement des sommes folles dans un nouveau réseau que l'on n'est pas sûr de savoir rentabiliser", glissait l'un d'entre eux récemment. Il n'aura pas eu gain de cause.
Les enchères 5G virent au casse-tête en Europe
Les opérateurs pourront se consoler en constatant que l’État est très vigilant à ne pas leur faire dépenser plus que de raison lors des enchères - histoire de préserver leurs capacités d'investissement pour les déploiements. Le mécanisme des enchères qui se dérouleront à l'automne est conçu pour éviter tout débordement similaire aux enchères italiennes ou allemandes qui avaient toutes deux vu les opérateurs dépenser plus de 6 milliards d'euros pour acquérir des fréquences.
En fixant un quota minimum et une limite maximum de spectre que chaque opérateur peut se voir attribuer (vraisemblablement autour de 40MHz minimum et 100 MHz maximum), le régulateur veut cadrer les prétendants. Pas question que l'un d'entre eux ne reparte bredouille, ni qu'un autre trust l'essentiel du gâteau spectral. Les opérateurs n'auront ainsi pas d'incitation néfaste à miser plus que de raison.
Cette configuration permet de couper la poire en deux. D'un coté Bercy renonce à maximiser ses recettes. De l'autre, les opérateurs seraient contraints d'investir massivement dans les réseaux. "Il faut que nous nous fassions tous mal", avait pour habitude de lancer le gouvernement aux opérateurs lorsqu'il demandait à renforcer drastiquement la couverture 4G. Une technologie plus tard, cette philosophie n'a pas changé.
JOURNALISME – Panorama: les 7 nouvelles formes de journalisme issues du numérique
https://www.blogdumoderateur.com/nouvelles-formes-journalisme-numerique/
Mercredi 5 juin 2019
Par Flavien Chantrel
Julien Kostrèche, co-fondateur du Ouest Médialab, présentait aujourd'hui au Web2day sa vision des 7 formes de journalisme qui ont émergé avec le numérique.
Loin de tuer le journalisme traditionnel, Internet a permis de renouveler le genre en proposant de nouveaux formats, de nouveaux concepts, de nouvelles formes d’expression. A l’occasion du Web2day, dont nous avons le plaisir d’être partenaire, Julien Kostrèche, co-fondateur du Ouest Médialab, a dressé un panorama étayé d’exemples sur ce renouveau. Il a présenté 7 familles de journalisme numérique, et la manière dont ils changent la donne. Voici les principaux enseignements de sa très riche intervention.
Le journalisme conversationnel
Cela a été un changement lié à l’arrivée d’Internet. Avant le web, les occasions d’échanger avec le public étaient rares. La conversation est désormais devenue permanente. Cela a d’ailleurs créé des dérives, avec l’arrivée de trolls divers et variés, qui ont nécessité l’arrivée de community managers ou de prestataires de modération (parfois basés à l’étranger pour faire baisser les coûts). Face à ces débordements, certains ont tout simplement fermé leurs commentaires. D’autres font la marche inverse, comme Nice-Matin qui les a rouvert, pour laisser la parole aux lecteurs, ou réservent la possibilité de commenter uniquement à leurs abonnés. La Montagne va plus loin et offre un rendez-vous vidéo sur Facebook, Dans Ton Com, qui éditorialise ces commentaires. Un autre exemple d’appropriation de ces commentaires pour fournir un contenu à valeur ajoutée est La vie du coin, qui valorise les réponses des lecteurs pour offrir des informations à ses visiteurs.
La conversation peut prendre d’autres formes, comme sur les médias sociaux, ou via l’utilisation de robots, comme peuvent le proposer Quartz ou Jam. L’avenir se fera peut-être aussi avec une incursion dans le coaching, comme le fait The Skimm qui permet même de synchroniser son agenda pour avoir des recommandations personnalisées, ou avec les assistants personnels, Le Télégramme étant par exemple présent sur Alexa.
Le journalisme liquide
On ne parle pas seulement ici du diktat de la vitesse et de la mobilité, mais aussi de la modularité et de l’adaptation aux nouveaux usages et aux nouveaux supports. Cela peut se faire sous forme de journalisme à la demande, comme eHow qui répond depuis de nombreuses années aux questions des internautes sur le moteur de recherche. La frontière avec le pur SEO ou les fermes de contenu est parfois fine, il convient de s’en méfier.
Le journalisme de bâtonnage en est aussi un effet pervers, avec des plateformes changeant légèrement les dépêches de l’AFP pour publier rapidement des contenus à moindre coût. Ainsi, 64% de l’information en ligne serait du copier/coller !
Une autre famille de journalisme est dédiée aux millenials, avec des sites comme Buzzfeed, Melty, Vice… Ils peuvent aussi bien traiter de sujets légers comme sérieux, en usant des techniques du marketing viral, avec des titres travaillés et vendeurs. On s’approche des pièges à clics, qui font encore plus sensationnaliste et trash. Si l’algorithme de Facebook a un peu calmé le jeu, ce genre de sites fait encore beaucoup d’audience.
Les formats vidéo à tendance sociale et explicative, incarnés par Vox ou Brut et qui mêlent archives, infographies ou interviews, se sont multipliés ces dernières années. De même que l’information en mode stories, avec notamment les déclinaisons Snapchat des médias comme L’équipe, France TV ou Le Figaro. Ce nouveau mode de narration se fait en vertical, avec des journalistes qui travaillent avec des graphistes et des motions designers.
Enfin, de nombreux médias reprennent les codes du web, comme FlashTweet sur Twitter, avec une utilisation forte des émoticônes et une adaptation au support. Dans la même veine, Le Drenche fait des résumés des actualités de la semaine en gifs, et la Charente Libre adopte les codes des YouTubeurs dans des rendez-vous vidéos.
Le journalisme live
Il a réellement débuté avec Twitter et la généralisation du live-tweet. Presse-Océan utilise ce format régulièrement, quand Le Monde fait des live-tchats via un outil dédié qui peut accueillir des dizaines de milliers de personnes en même temps. Les formats sont courts, rapides et régulièrement actualisés.
Le Facebook-live a démocratisé la vidéo, beaucoup de médias qui n’utilisaient pas ce format ont débuté avec cet outil. Rémy Buisine sur Brut est un très bon exemple du genre, avec un style très authentique et direct. Des limites se posent tout de même en matière de modération. Les smartphones aident aussi à la démocratisation, le Figaro les utilise par exemple avec un studio dédié. Les radios sont également utilisatrices, en ajoutant des caméras à leurs émissions. Le journalisme mobile se développe fortement de manière générale, comme sur la chaine de télévision suisse Léman Bleu. Ajoutons les streamers qui se mettent au journalisme, comme la chaine Twitch Accropolis, qui a reçu plusieurs ministres du gouvernement pour un débat live.
Le journalisme au long cours
Il est une réponse directe au temps réel et à l’accélération. C’est réjouissant de voir que des formats longs se développent et trouvent leur public sur Internet. Cela peut concerner les webdocs, webfictions, webséries, qui demandent des moyens importants et qui ont des modes de rédaction plus linéaires. Prenons pour exemple Do Not Track d’Arte ou Les nouveaux pauvres, reportage sur les habitants de Bruxelles réalisé avec la RTBF. Ces projets sont souvent télévisuels et assez chers à produire.
Dans la presse, les longs formats en « scrolly-telling » sont privilégiés. Des formats interactifs enrichis utilisés par L’équipe Explore, le New York Times depuis 2016, mais aussi la Voix du Nord. Ils permettent souvent de fidéliser ou de convertir des abonnés avec des accès payants. Cela fonctionne également bien avec des enquêtes, comme le font The Conversation, Mediapart ou ThinkerView et ses 350 000 abonnés.
Et évidemment, le podcast est concerné avec la réécoute des radios, mais aussi des sites comme Louie Media ou Binge.audio qui offrent des programmes diffusés en natif. Les médias écrits investissent dans ce format, comme Les Echos, Le Parisien, La Croix, Le Télégramme ou Ouest-France.
Les longs formats arrivent même sur Twitter avec l’apparition des threads, ces enchainements de tweets qui forment un récit narratif plus long.
Le journalisme collaboratif
Le public peut parfois être plus expert que les médias eux-mêmes sur certains sujets, il est donc logique de les voir intégrés dans certains modèles de sites. C’est le cas des plateformes de blogs, qui ouvrent la publication sur certains espaces. Nice-Matin se sert de son côté de Facebook pour valoriser les contributions de ses lecteurs, quand France 24 fait appel à un réseau d’observateurs et certains sites se servent de leurs utilisateurs pour faire remonter des données précises qu’ils centralisent ensuite (lors de pénuries d’essence par exemple).
Mieux encore, certaines communautés deviennent elles-même des médias. C’est le cas de C’est à Cherbourg, qui a donné naissance à une édition papier tirée à 25 000 exemplaires. Et n’oublions pas le cas du fact-checking collaboratif, comme cela a été le cas lors de l’affaire des Panama Papers.
Le data-journalisme
S’il n’est pas nouveau, le data-journalisme s’est fortement imposé à partir des années 2010, avec le développement de l’open data et des nombreux outils qui permettent de trier les données ou de les visualiser. Le New York Times a été précurseur, mais désormais la plupart des grandes rédactions ont une équipe dédiée. Les décodeurs du Monde en sont un bon exemple. Les rédactions locales ne sont pas en reste, avec des initiatives du Télégramme et de Ouest-France sur la transformation de la ville de Brest ou sur les l’origine des signatures obtenues par les candidats à la présidentielle. Le motion design en télé ou des formats optimisés pour mobile sont d’autres exemples de développement de ce data-journalisme qui est bien plus qu’un effet de mode.
L’analyse automatique de textes, des programmes permettant de combattre des fake news ou encore des robots rédacteurs permettent d’automatiser la production d’articles simples reposant sur des modèles, comme le propose la startup Syllabs, sont d’autres exemples de l’importance croissante de la robotisation et de la data dans le journalisme. Finissons par Flint, le robot dénicheur d’articles de qualité, ou par les présentateurs virtuels qui sont déjà en Chine, et on voit que le futur du journalisme sera (en partie) automatisé.
L’immersif
En parallèle du live s’est développé la notion de journalisme immersif. Second Life en a été un symbole il y a une dizaine d’années avec des initiatives marquantes, mais on peut également parler de l’immersion 360 qui permet de se plonger dans un lieu ou décor, et dans lequel se sont spécialisées plusieurs agences, de l’immersif par le drone ou encore de l’immersif dans la rue avec des médias comme Taranis News. Dernière tendance en date, la gamification de l’information, avec la sorti récente de Betty.news qui permet de parier sur l’actualité.
Le prochain défi pour le journalisme numérique ? Gagner la bataille de la confiance et ainsi renouer le lien entre journalistes et lecteurs. Une toute autre histoire, avec de nouveaux défis.
RANCOPHONIE – La francophonie c'est une vision du monde et des solutions
https://lepetitjournal.com/new-york/pherdt-la-francophonie-cest-une-vision-du-monde-et-des-solutions-257669
Mardi 21 mai 2019
Par Julie Sicot
Depuis presque 50 ans, l'Organisation Internationale de la Francophonie participe à la promotion de la langue française mais défend aussi la paix, l'éducation et la diversité auprès de l'ONU. Patricia Herdt, représentante permanente adjointe de l'organisation auprès des Nations Unies, a répondu aux questions du Petit Journal.
Lepetitjournal.com New York : Pouvez-vous nous rappeler tout d'abord ce qu'est la francophonie ?
Patricia Herdt : C'est une idée reçue de croire que ce n'est que la langue, même si on considère évidemment que la langue fait le lien entre tous les pays. A l'OIF, nous avons 4 missions principales : la promotion du français tout d'abord. Mais aussi une mission politique, de défense de la paix, de la démocratie et des droits de l'homme. Nous travaillons aussi sur l'éducation, la formation, la recherche. Et puis nous nous intéressons également au développement durable.
Quand a été créée l'OIF ?
Nous allons fêter nos 50 ans en 2020. On pense que l'OIF a été créée par la France, mais c'est faux, les pères fondateurs sont africains et cambodgiens. Il s'agit de Léopold Sédar Senghor du Sénégal, Hamani Diori du Niger, Habib Bourguiba de la Tunisie et du Prince Norodom Sihanouk du Cambodge. Ils ont créé ce qui était d'abord une agence de coopération culturelle et technique au Niger en 1970. Après la colonisation, ils ont vu dans cette langue commune, un formidable vecteur de coopération et de solidarité entre les États. De 21 pays en 1970, nous sommes passés à 88 aujourd'hui. Il y a toujours de nouveaux candidats qui postulent pour intégrer l'OIF. Lors du dernier sommet en Arménie en 2018, nous avons intégré pour la première fois un état fédéré américain : la Louisiane.
Combien de francophones y a-t-il dans le monde ?
Notre bureau à Paris a mis en place un observatoire. Tous les ans, il mesure le nombre de locuteurs, et celui-ci est en constante augmentation. Il y aurait 300 millions de locuteurs dans le monde, et selon les prévisions démographiques, cela devrait augmenter. La plus grosse partie des locuteurs se trouve en Afrique. Aux Etats-Unis, il y a aussi un bassin de francophones, et plus précisément à New York où ils seraient environ 100 000 locuteurs.
Comment la francophonie est perçue à l'ONU ?
Le français fait partie des six langues officielles des Nations Unies et des deux langues de travail avec l'anglais. Mais nous ressentons aujourd'hui une érosion du multilinguisme. Les Nations Unies ont tendance à penser en anglais. Et la langue, ce n'est pas seulement un outil de communication, c'est aussi une vision du monde et surtout des solutions. Les recrutements au sein des Nations Unies sont souvent faits en anglais, il faudrait intégrer plus de diversité dans les langues. Aujourd'hui, la tendance est de produire beaucoup et toujours en anglais. C'est un peu choisir la facilité. C'est un vrai enjeu pour la démocratie internationale que de favoriser le multilinguisme.
Y'a-t-il des dangers à cette tendance ?
Moins l'ONU sera représentative de toute sa richesse en termes de diversité culturelle et linguistique, moins elle sera pertinente et plus les États vont se désengager. Pour revitaliser le multilatéralisme, il faut revitaliser le respect de la diversité linguistique dans le fonctionnement de l'organisation. Le secrétaire général de l'ONU actuel, Antonio Guterres, a lancé une réforme institutionnelle. Le moment est propice pour remettre sur la table ces enjeux de diversité linguistique notamment. On est en plein travail avec les Nations Unies pour produire des recommandations et mobiliser les Etats membres parce que rien ne changera sans leur volonté. Aujourd'hui, nous plaidons pour le multilinguisme et pas seulement pour le français.
Faites-vous vivre aussi la francophonie à New York ?
Ce n'est pas notre mission principale, mais nous menons des projets culturels. Nous soutenons le festival des Cinq Continents, qui se tient début avril et fait se rencontrer des auteurs français. On essaie d'attirer un public américain à ces évènements. Nous travaillons aussi avec le barreau de New York et nous allons présenter notre travail dans les écoles. Et les américains ont bien compris l'intérêt pour leurs enfants d'apprendre une autre langue.
UPF: Une resse libre sinon rien!
par Zara Nazarian, Secrétaire générale internationale de l'UPF (mai 2019)
https://lakoom-info.com/u-p-f-editorial-une-presse-libre-sinon-rien/
Le mois de mai est particulier pour les journalistes. Le 3 mai, ils célèbrent la Journée mondiale de la Liberté de la Presse – une fête qui dépasse largement le seul cadre professionnel, car une presse libre est un gage d’un État libre.
"Chère consœur, cher confrère,
Le mois de mai est particulier pour les journalistes. Le 3 mai, ils célèbrent la Journée mondiale de la Liberté de la Presse – une fête qui dépasse largement le seul cadre professionnel, car une presse libre est un gage d’un Etat libre.
Cette année, la 26e célébration de cette Journée a eu lieu à Addis-Abeba. Elle a été organisée conjointement par l’UNESCO, le gouvernement de la République fédérale démocratique d’Ethiopie et la Commission de l’Union Africaine. Le thème choisi cette année est : « Médias pour la démocratie : le journalisme et les élections en période de désinformation ». Une audience jamais atteinte pour ce type de rassemblement – près de deux mille participants dans un pays qui remonte de 40 points dans le classement mondial de la liberté de la presse selon RSF, en passant de la 150ème à la 110ème place.
Vous direz, c’est encore loin ? Sans doute, mais l’effort est là, et la tendance à l’amélioration est visible.
Malheureusement, beaucoup de pays ont enregistré, durant cette dernière année, de nombreux cas de violations de droits et de libertés des journalistes. L’observatoire de l’UNESCO dénombre 99 meurtres de journalistes en 2018 (!).
Nos confrères membres de l’UPF ont également été concernés par ces violences. Ainsi, pour n’en citer que les cas les plus récents, Toufé Maecha, rédacteur en chef du quotidien Masiwa et Président de l’UPF-Comores, a été la cible, le Samedi 30 mars, de vexations, d’intimidations et de violences au sein de la brigade de recherche à la gendarmerie de Moroni.
Le journaliste Guinéen Lansana Camara, directeur de publication du site www.conacrylive.info, a été arrêté le 26 mars dernier, une arrestation qui est intervenue après plusieurs jours d’audition, "pour diffamation par voie de presse". Enfin, le 28 avril dernier, la voiture de notre confrère togolais Loïc Lawson, directeur de la publication du journal Le Flambeau des démocrates, a subi une grave dégradation volontaire…
Nous ne le dirons jamais assez : les journalistes ne sont pas assez protégés, pour ne pas dire que, dans beaucoup de cas, ils ne sont pas protégés du tout. Nous le constatons à l’UPF tout au long de l’année, en recevant des messages d’alerte des sections des pays différents.
Ainsi, en cette célébration mondiale de la liberté de la presse, l’Union internationale de la presse francophone élève sa voix pour soutenir tous les journalistes dans leur lutte quotidienne pour le droit le plus évident au premier égard – celui d’exercer librement leur métier. Et nous apportons notre soutien le plus sincère et le plus déterminé à chacune et chacun de nos membres victimes de répressions dans leurs activités.
Vive la presse libre!"
UNESCO – "Journée mondiale de la liberté de la presse"
https://fr.unesco.org/commemorations/worldpressfreedomd
Tous les ans, la Journée mondiale de la liberté de la presse permet de célébrer les principes fondamentaux de la liberté de la presse, d’évaluer la liberté de la presse à travers le monde, de défendre l’indépendance des médias et de rendre hommage aux journalistes qui ont perdu la vie dans l’exercice de leur profession.
Le 3 mai a été proclamé Journée mondiale de la liberté de la presse par l’Assemblée générale des Nations Unies en 1993, suivant la recommandation adoptée lors de la vingt-sixième session de la Conférence générale de l’UNESCO en 1991. Ce fut également une réponse à l’appel de journalistes africains qui, en 1991, ont proclamé la Déclaration de Windhoek (link is external) sur le pluralisme et l’indépendance des médias.
L'UNESCO a au coeur de son mandat la liberté de la presse ainsi que la liberté d'expression. L'UNESCO pense que ces libertés permettent une compréhension mutuelle pour construire une paix durable.
La Journée permet d’informer les citoyens sur les atteintes portées à la liberté de la presse. Dans des dizaines de pays à travers le monde, des publications sont censurées, condamnées, suspendues ou tout simplement n’ont plus le droit de paraître, alors que des journalistes, des rédacteurs en chef et des éditeurs sont harcelés, attaqués, détenus ou même tués.
A la faveur de cette date, nous pouvons encourager et développer des initiatives en faveur de la liberté de la presse mais également évaluer l’état de la liberté de la presse à travers le monde.
La date du 3 mai sert aussi de rappel aux gouvernements sur la nécessité de respecter leurs engagements en faveur de la liberté de la presse, de moment de réflexion pour les médias professionnels sur les questions relatives à la liberté de la presse et à la déontologie. Tout aussi important, la Journée mondiale de la liberté de la presse est un jour de soutien aux médias qui sont des cibles pour la restriction ou l'abolition de la liberté de la presse. C’est également une journée du souvenir pour les journalistes qui ont perdu leur vie dans l’exercice de leur profession.
"Informer, à tout prix?
par Sophie Ferkatadji, Le Figaro.
Du 4 au 6 avril, la quatrième édition des rencontres de la francophonie accueille une cinquantaine d’auteurs, journalistes et artistes pour discuter de la thématique 2019: "Informer, à tout prix?" Sophie Ferkatadji, sa programmatrice, explique ce choix.
Mouvement des "gilets jaunes", Ligue du LOL, infox... L’actualité est au service de la thématique 2019 du festival intellectuel des Voix d’Orléans. Du 4 au 6 avril, une cinquantaine d’intervenants viendront animés des débats autour des droits à l’information et de la question de la liberté de la presse dans le monde francophone. À travers des conférences, expositions et projections, intellectuels, écrivains et artistes tenteront notamment de répondre à une question centrale : informer aujourd’hui, est-ce éclairer les esprits ou est-ce les orienter ?
Une manifestation qui rassemble chaque année près de 2 000 participants.
"Cela reste un évènement humble, encore jeune, mais qui suscite de l’intérêt», se réjouit Sophie Ferkatadji, programmatrice des Voix d’Orléans et Directrice de la culture et de la création artistique à Orléans.
LE FIGARO. – "Les Voix d’Orléans" existent depuis quatre ans, quel est l’objectif premier de cette manifestation ?
Sophie FERKATADJI. - Reprendre le combat des idées. Après les attentats terroristes de 2015, le maire d’Orléans a voulu donner la parole aux voix francophones qui s’étaient exprimées et qui avait rappelé leur attachement aux valeurs des Lumières et à celles de la république française.
Reprendre le débat des idées face à l’obscurantisme et rappeler l’importance de la liberté d’informer mais aussi de la tolérance et de la liberté d’opinion.
"Quand l’information est muselée, ce sont aussi les droits humains qui sont muselés"
Pourquoi avoir choisi d’axer les débats de cette 4e édition autour de la thématique
"Informer, à tout prix?" ?
Nous avons choisi de traiter de la question du droit d’informer et du droit à l’information car ces deux droits sont malmenés en ce moment. Malmenés par les récepteurs, qui ont de plus en plus de doute et de distance par rapport aux médias. Malmenés aussi par certaines instances politiques qui glissent vers le populisme et remettent en cause les journalistes. Quand l’information est muselée, ce sont aussi les droits humains qui sont muselés. Deux angles principaux seront d’ailleurs abordés: celui de la liberté et de la protection des journalistes pour qu’ils puissent faire leur travail librement et celui du fonctionnement des métiers de l’information, autrement dit, comment agir lorsqu’on détient le pouvoir d’informer.
Les manifestations des "gilets jaunes ", la prolifération des infox ou encore le scandale de la "ligue du LOL", pensiez-vous être autant dans l’actualité avec ce thème ?
Nous avons pris la décision de la thématique à la fin de l’édition de l’année dernière. Nous n’imaginions pas qu’il y aurait un tel développement des populismes, une augmentation de l’utilisation malveillante des réseaux sociaux et une prolifération des informations fausses.
"Dans un certain nombre de pays francophones ou francophiles, la liberté d’informer n’est pas toujours respectée"
Quel lien faites-vous entre la thématique de cette année et la francophonie ?
Nous avons de grands médias francophones en France comme France 24, TV5 Monde, RFI… Ils portent à travers le monde une certaine idée des valeurs de la francophonie et des Lumières. Dans un certain nombre de pays francophones ou francophiles, la liberté d’informer n’est pas toujours respectée. Je pense à l’Égypte, au Liban, à la Syrie, à la République démocratique du Congo… Au travers des grands médias francophones, nous donnons une certaine idée de la qualité d’information, du rapport au public et de la formation des journalistes. Le monde francophone sera particulièrement interrogé.
Comment définiriez-vous le rôle du journaliste en démocratie ?
Quelqu’un qui va éclairer. Il n’est pas un universitaire mais informe car il met en exergue des choses volontairement cachées. Il est souvent critiqué parce qu’il est le «poil à gratter» du monde politique, économique ou encore culturel mais son travail permet d’aiguiser l’esprit critique du récepteur en apportant des faits. Il faut par ailleurs se demander comment les journalistes peuvent éclairer les esprits et non pas les orienter.
ASSISES DU JOURNALISME
Grosse affluence lors de la 12e édition des Assises du journalisme. La manifestation se déclinera désormais au pluriel: Tours en mars, Tunis à l’automne.
Cette semaine, les Assises du journalisme de Tours ont fait la Une du Flambeau des démocrates, un hebdomadaire togolais "d’information, d’investigation et d’analyse". Cela fait chaud au cœur de Jérôme Bouvier, initiateur d’une manifestation qui se déclinera désormais au pluriel. "On va continuer à organiser les Assises en mars à Tours et on va compléter avec une manifestation similaire qui se déroulera en automne à Tunis."
Aujourd’hui plus personne n’a de certitudes.
La dimension internationale était d’ailleurs prégnante cette année avec quelque deux cents journalistes étrangers. "On a évoqué les conditions d’exercice du métier de l’autre côté de la Méditerranée ; chez nous on se plaint parfois, mais ça donne quand même une vraie leçon d’humilité." L’humilité, une notion que l’on se doit effectivement de cultiver en Europe.
"Il y a quelques années, les professionnels arrivaient avec leurs certitudes, la presse papier se demandait ce que ça pouvait bien être que le Web et la télévision apparaissait aussi comme un autre monde. Aujourd’hui tous les usages ont changé, personne ne possède de recette miracle."
Ce fut un des sujets de discussion au cours de ces quatre jours de manifestation. Une manifestation plébiscitée par les jeunes. Plus d’un millier de scolaires ayant fréquenté les différents lieux où se sont déroulées ces Assises du journalisme.
"Leurs échanges avec les journalistes réfugiés les ont beaucoup impressionnés. Et puis les Assises, c’est aussi l’occasion de découvrir les différentes facettes d’un même métier. On croise des gens connus mais aussi des animateurs de blog et des localiers."
Symboliquement, c’est à Mame, un lieu emblématique de l’imprimerie que s’est déroulé hier, en guise d’épilogue, un salon du livre du journalisme auquel ont pris part une trentaine d’auteurs.
Monaco célèbre la Journée internationale de la Francophonie
Communiqué, Direction de la Communication Gouvernement Princier, Principauté de Monaco, 18 mars 2019
Le 20 mars 2019, comme chaque année dans le monde, est célébrée la journée internationale de la Francophonie, au cours de laquelle, les 220 millions de francophones sur les 5 continents fêtent leur langue en partage et la diversité de la Francophonie.
Cette date a été choisie en référence au 20 mars 1970, marqué par la création à Niamey (Niger) de l’Agence de coopération culturelle et technique (ACCT), future Organisation internationale de la Francophonie (OIF).
Cette année le thème de cette journée, à laquelle la Principauté de Monaco s’associe, est : "En français... s’il vous plait ;-)".
A cette occasion, le Gouvernement Princier au travers du Consulat de Monaco à Madagascar, a fourni des livres en langue française destinés aux élèves des établissements scolaires de ce pays.
Le Consulat de Monaco à Hanoi a également organisé un événement de sensibilisation avec la participation d’une chorale locale.
Par ailleurs, S.E. Mme Evelyne Genta, Ambassadeur de Monaco au Royaume Uni, a pris part à une action de valorisation des auteurs francophones organisée par le Groupe des Ambassadeurs francophones basés à Londres, en mettant à l’honneur l’ouvrage du Prince Albert Ier, intitulé « La carrière d’un navigateur ».
Pour mémoire, la Principauté est membre historique de l'OIF depuis 1970 et participe activement aux travaux de celle-ci.
Ainsi, en octobre 2018, en marge de la 35e session de la Conférence ministérielle de la Francophonie, qui s'est tenue à Erevan (Arménie), le Gouvernement Princier a signé deux conventions de financement portant sur la durée de la nouvelle programmation de l’OIF (2019–2022) soulignant son engagement constant en faveur de la famille francophone :
- Une convention avec l'OIF pour fixer le montant des contributions volontaires* de la Principauté de Monaco en faveur des domaines qui lui sont chers (l'apprentissage de la langue française, l'éducation, la préservation de l'environnement et la transition énergétique).
*: Un million d'euros sur 4 ans en plus de la contribution statuaire de Monaco en tant qu'Etat Membre.
- Une convention avec l'Institut de la Francophonie pour le Développement Durable (IFDD) en faveur du tourisme durable dans les petits Etats insulaire en développement et de la lutte contre les changements climatiques.
A noter qu’en octobre 2019, la Principauté accueillera, la 36ème Conférence ministérielle de la Francophonie sur le thème "Réconcilier l’Humanité et la Planète : perspectives dans l’espace francophone à la veille des 50 ans de l’OIF ".
Féminisation du journalisme: encore un effort pour la parité et l’égalité
https://www.inaglobal.fr/presse/article/feminisation-du-journalisme-encore-un-effort-pour-la-parite-et-l-egalite-10321
par Béatrice DAMIAN-GAILLARD et Eugénie SAITTA
La féminisation des rédactions, tous supports médiatiques confondus, est réelle depuis quelques années. Oui, mais... cette féminisation ne veut pas dire totales égalité et parité. Des hiérarchies, des clivages, des stéréotypes genrés perdurent. Mais les femmes journalistes se sont emparées de leur cause !
Sommaire :
- Une féminisation à géométrie variable
- Femmes et pouvoir dans les médias : plus de parité mais des inégalités persistantes
- L’influence des stéréotypes de genre dans les rédactions
- Mobilisations et débats contre les inégalités
Professionnels des médias et universitaires s’accordent aujourd’hui à reconnaître une féminisation du métier de journaliste, à l’œuvre depuis 2001. Celle-ci peut être encouragée par les directions des médias dans un souci de capter de nouveaux publics ou, simplement, de se conformer aux lois concernant l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes [+], ou encore l’accès des femmes aux fonctions de direction[+]. Cette féminisation peut aussi être source d’inquiétude. Ainsi, le journal Challenges publie sur son site, le 8 mars 2017, un article intitulé « Journalisme : une profession en crise qui se féminise ». La féminisation de professions prestigieuses comme le journalisme a donné lieu à de nombreuses polémiques.
L’arrivée des femmes dans les rédactions soulève sans cesse des interrogations, des indignations, voire des revendications des professionnels.
Les hommes ont ainsi souvent accusé la féminisation d’être à l’origine d’une dévalorisation de leur métier, oubliant toutefois de considérer le niveau de diplôme des nouvelles entrantes, en moyenne plus élevé que celui de leurs homologues masculins. En participant à l’élévation des exigences de recrutement, la féminisation du journalisme a, au contraire, contribué à sa professionnalisation.
Dans tous les cas, l’arrivée des femmes dans les rédactions soulève sans cesse des interrogations, des indignations, voire des revendications des professionnels (essentiellement chez les hommes).
Pourquoi ? Parce que cette progression vers la parité numérique entre journalistes femmes et hommes n’efface pas totalement les inégalités genrées, quand elle n’en crée pas de nouvelles. Celles-ci se jouent à plusieurs niveaux : les lieux d’exercice du journalisme, les positions occupées, les statuts d’emploi, les salaires perçus, les métiers pratiqués. De même, il règne encore dans les rédactions des stéréotypes genrés (à propos, par exemple, des appétences et compétences supposées des journalistes femmes et hommes), qui influent sur la distribution des sujets, l’affectation des spécialités journalistiques.
Une féminisation à géométrie variable.
En France, la croissance spectaculaire du travail des femmes à partir des années 1960 s’est, certes, traduite par la féminisation massive de métiers déjà féminisés et peu valorisés socialement, mais elle a aussi permis à certaines femmes d’accéder à des professions qualifiées. C’est le cas du journalisme, qui a connu un processus de féminisation dont les rythmes ont varié au cours des périodes : jusqu’à la fin des années 1960, les femmes y étaient très marginales. Leur part a progressé de manière régulière dans les années 1970, puis à un rythme plus rapide dans les années 1980 (+1 point de pourcentage par an en moyenne) et un peu ralenti dans les années 1990 / 2000 (+0,5) et 2010 (+0,3). En 2017, 46,9 % des titulaires de la carte de presse étaient des femmes, ainsi que 53,1 % des personnes déposant une première demande, celles-ci étant donc majoritaires parmi les néo-entrants et entrantes (données fournies par l’Observatoire des métiers de la presse – Afdas / CCIJP).
Ces données globales recouvrent toutefois des variations importantes selon le secteur médiatique, le statut d’emploi ou encore le métier et la qualification. On constate qu’en 2017[+], les femmes sont plus présentes dans la presse écrite (48,4 % des titulaires de la carte de presse), alors qu’elles atteignent 43,2 % des effectifs en télévision, 44 % en radio et 43 % en agence de presse. Parmi les premières demandes de carte, les femmes sont légèrement majoritaires tous supports confondus (53,3 % avec respectivement 52,5 % pour la presse écrite, 52,5 % pour la télévision, 56,6 % en radio, 54,2 % en agence de presse). Les femmes sont aussi plus précaires que leurs collègues masculins, puisqu’en 2017, elles constituaient 53,5 % des pigistes, 50,2 % des demandeurs d’emploi et moins de la moitié des journalistes salariés (45,1 %). Elles représentaient 55,7 % des personnes en contrat à durée déterminée, et seulement 44,6 % des journalistes en contrat à durée indéterminée. Parmi les journalistes femmes, 70,1 % étaient en CDI (contre 76,8 % des hommes), 21,5 % pigistes (contre 16,5%), 3,9 % en CDD (contre 2,8 %). Enfin, les femmes se concentrent dans les métiers « assis » les moins valorisés (où la collecte de l’information se fait essentiellement par téléphone ou recherche internet), tandis que les postes les plus mobiles et prestigieux ou liés à l’image sont très nettement masculins. Loin de s’exercer de façon homogène, la féminisation de la profession journalistique se déploie selon différentes dynamiques pouvant se combiner.En effet, elles étaient fortement présentes parmi les secrétaires de rédaction et, dans une moindre mesure, parmi les reporters-rédacteurs (respectivement 63,4 %, et 48,9 %), et beaucoup moins parmi les journalistes reporters d’images (36,2 %) et les reporters-photographes (22,3 %).
Loin de s’exercer de façon homogène, la féminisation de la profession journalistique se déploie selon différentes dynamiques pouvant se combiner.
Une première dynamique est celle de la féminisation « par le bas ». On constate souvent une féminisation des domaines dominés ou précarisés de l’information. Une deuxième dynamique de féminisation repose sur un processus de spécialisation sexuée, d’(auto)affectation des femmes dans des médias ou des rubriques immédiatement construits comme féminins, telles la presse magazine féminine ou certaines rubriques de vie pratique et familiale. Une troisième dynamique renvoie aux formes de féminisation « par le haut », parce que les femmes ont investi des secteurs dominants du journalisme et qu’elles possèdent un capital social et culturel élevé. Par exemple, on peut penser que la féminisation, récente mais rapide, de la presse quotidienne régionale, qui recrute majoritairement des femmes parmi les nouveaux entrants dans la profession (50,52% en moyenne depuis 2007), correspond à une réévaluation et à une professionnalisation de son recrutement, plus qualifié et plus formalisé (entretiens d’embauche, CV…), de plus en plus éloigné du recrutement par interconnaissance et de la formation « sur le tas » qui ont longtemps prévalu dans ce secteur. On repère enfin un quatrième mécanisme de féminisation par des « secteurs émergents ». Dans la presse alternative anglophone produite par et pour les femmes (née au début du XIXe siècle aux États-Unis et en Grande-Bretagne), les journalistes femmes ont promu les mouvements sociaux de femmes (les suffragettes et, plus tard, les mouvements féministes). Leur engagement professionnel a ainsi participé à l’émergence à la fois de nouveaux médias et de nouveaux modes de traitement de l’information.
Malgré la féminisation du journalisme, on constate la persistance d’un double mouvement de ségrégation horizontale (dans la répartition genrée des secteurs, des emplois et des spécialités), et verticale (dans la distribution sexuée des fonctions hiérarchiques).
Femmes et pouvoir dans les médias : plus de parité mais des inégalités persistantes
Dans les médias, les positions hautes sont ainsi occupées majoritairement par des hommes. On notera tout de même la forte progression des femmes à ces différents postes de décision depuis les années 2000. En 2017, dans les médias français, seuls 25,9 % des directeurs ou directrices de publication ou de rédaction (contre 19,6% en 2000) et 38 % des postes de rédacteurs ou rédactrices en chef (27,7% en 2000) étaient occupés par des femmes. Toutefois, les positions d’encadrement intermédiaire se féminisent, atteignant quasiment l’équilibre avec 47,7 % de secrétaires généraux de rédaction ou de chefs et cheffes d’édition (40,3% en 2000) et 44,9 % de chefs ou cheffes d’agence, de service ou de rubrique (33,5 % en 2000). Les progressions de carrière sont aussi différentes, les femmes sortant plus souvent prématurément de la profession journalistique que les hommes.
Des hiérarchies et clivages se recréent au sein de professions devenues mixte
Au-delà de ces statistiques, comment comprendre les mécanismes de cette éviction plus forte des femmes aux positions de pouvoir dans les médias ? Un premier facteur relève des conditions de travail et de la conciliation entre vie professionnelle et vie familiale.
Par exemple, dans le cas du journalisme politique de la presse quotidienne nationale française, les horaires de travail extensifs (le soir et le week-end) et le caractère particulièrement concurrentiel de cette spécialité constituent des conditions disqualifiantes pour les femmes [+].
Un autre facteur renvoie aux modes de sociabilité masculine au travail, imprégnant les interactions quotidiennes. Par exemple, dans l’audiovisuel public suédois[+] l’expression directe et affirmative (« I have a fucking good idea »), utilisée préférentiellement par les hommes, les favorise dans l’affectation des sujets, au détriment des femmes qui mobilisent plutôt la forme interrogative invitant à la discussion (« I think that… Do you think it’s newsworthy ? »). De même, Julie Sedel (2010)[+] montre, à propos du Monde, que la présence longue sur le lieu de travail, sur un mode informel, en traînant dans les couloirs, permet d’accumuler des informations, sources de pouvoir.
Les inégalités entre femmes et hommes persistent en raison de mécanismes complexes et ancrés dans les habitudes de travail.
Si plus de femmes étaient en position de décider, les règles du jeu en seraient-elles mécaniquement transformées ? Divers contre-exemples[+] montrent que la présence de femmes aux postes supérieurs de responsabilité n’a pas d’effets sensibles. Les femmes qui accèdent à ces postes tendent généralement à adopter les mêmes modes de fonctionnement que les hommes. En effet, malgré le haut niveau de compétence qui leur a permis d’en arriver à ce stade, elles sont l’objet d’une attention particulière de la part de leurs pairs qui pourraient les taxer de favoritisme envers les femmes (et, donc, les décrédibiliser) si elles avantageaient leurs consœurs lors de l’affectation des sujets, des postes, etc. La promotion d’une parité dans les rédactions et aux postes de décision n’est donc pas suffisante, et les inégalités entre femmes et hommes persistent en raison de mécanismes complexes et ancrés dans les habitudes de travail.
L’influence des stéréotypes de genre dans les rédactions
Il existe, au cœur même de la féminisation des rédactions, une répartition genrée des secteurs de presse, des services et rubriques, ou encore des compétences et spécialités journalistiques. Ainsi, les femmes travaillant dans les départements sportifs de la presse française sont tendanciellement assignées à la couverture de sports perçus comme féminins (patinage artistique, natation synchronisée, gymnastique), ces domaines de l’information sportive bénéficiant eux-mêmes d’une visibilité moindre dans les pages « Sport » [+].
Comment expliquer la perpétuation de cette ségrégation horizontale malgré l’augmentation du nombre de journalistes femmes et, dans certains cas, leur accès à des responsabilités éditoriales ?
Pour y parvenir,
Il faut prendre en compte l’influence des stéréotypes de genre, la manière dont ils façonnent le travail quotidien, la définition des compétences des journalistes femmes et hommes dans les rédactions.
Ainsi, ces stéréotypes de genre affectent quotidiennement les processus décisionnels, la distribution des tâches, la sélection des sujets à publier, le choix des sources d’information. Par exemple, dans une chaîne publique suédoise[+], les femmes, perçues par les rédacteurs en chef comme passives/prudentes/hésitantes, sont affectées le plus souvent aux recherches documentaires, tandis que les hommes, perçus comme actifs/fiables/assurés, et capables d’« attraper la balle au vol et de courir » (métaphore sportive utilisée par l’un des rédacteurs en chef), sont envoyés sur le terrain. Dans l’esprit des chefs, les femmes seraient ainsi meilleures pour contextualiser et vérifier l’information, tandis que les hommes seraient plus réactifs face à une actualité « chaude ». De sorte que les premières restent tendanciellement dans la rédaction, pratiquant un journalisme « assis », alors que les seconds en sortent régulièrement, pratiquant un journalisme « debout ». Cette assignation genrée se double d’une logique selon laquelle les femmes doivent faire leurs preuves, tandis que les hommes bénéficient a priori de la confiance placée dans leur potentiel et leur capacité d’adaptation.
L’introduction de l’ordinateur dans les journaux a contribué à la féminisation de cet univers, tout en créant des métiers séparés.
Cette ségrégation horizontale se double d’une hiérarchisation genrée des compétences. Ainsi, les femmes sont souvent perçues comme dotées de qualités « naturelles » (minutie, répétitivité, soin, dévouement, souci des autres, patience…) liées au rôle qu’elles jouent dans la sphère privée. Cette naturalisation de leurs savoir-faire a pour effet d’empêcher la reconnaissance de leur qualification professionnelle. Sur ce point[+], analysant le mouvement de grève des clavistes lancé en 1983 dans un grand quotidien régional français (surnommé « Le Clavier enchaîné » pour les besoins de l’anonymat), montrent que l’introduction de l’ordinateur dans les journaux a contribué à la féminisation de cet univers, tout en créant des métiers séparés. Celui de claviste est réservé aux femmes détentrices d’un diplôme de secrétariat, et celui de correcteur, est attribué aux hommes appartenant au groupe des « ouvriers du livre ». Le premier est alors considéré comme non qualifié et, donc, plus faiblement rémunéré, bien que ces femmes et ces hommes réalisent somme toute un travail équivalent, les premières faisant preuve, par ailleurs, d’une grande dextérité dans la saisie des textes des journalistes sur écran.
Mobilisations et débats contre les inégalités
À l’instar des clavistes du « Clavier enchaîné », des journalistes femmes continuent de dénoncer les inégalités au travail à travers diverses actions : révélation des écarts de salaire lors de la grève de signatures des journalistes femmes des Échos en 2013, critique de l’invisibilité des femmes dans les médias par le manifeste publié par le collectif Prenons la Une, dénonciation du sexisme ordinaire dans la tribune des femmes journalistes politiques victimes de sexisme en 2015 ou sur la page Facebook « Paye ton journal », créée en 2017.
Très récemment, en février 2019, lors de l’affaire dite de la « ligue du LOL », révélée par le service Check News de Libération, des journalistes femmes ont témoigné du cyberharcèlement dont elles ont été victimes durant la seconde moitié des années 2000 et le début des années 2010.
Les auteurs de ces actes étaient majoritairement des jeunes hommes blancs hétérosexuels travaillant dans les métiers du journalisme, de la communication et de la publicité.
Là encore, ces témoignages sont révélateurs de l’état des rapports de pouvoir existant entre les hommes et les femmes dans l’espace journalistique. Plus largement, cette affaire est symptomatique des conditions de production de l’information qui se caractérisent par une hyper concurrence, accentuée par la montée de la précarité, ainsi qu’un management fondé sur la rivalité entre journalistes. Ces derniers sont en effet socialisés très tôt, lors de leur formation dans les écoles de journalisme, à cette culture de la compétition qui passe notamment par la participation aux concours lancés chaque année par les divers médias et qui instituent une lutte en vue d’obtenir un CDD, un contrat de professionnalisation ou une bourse.
Ainsi peut-on interpréter le cyberharcèlement opéré par la « ligue du LOL » comme l’expression d’une double stratégie par certains journalistes, dont l’homogénéité tient aussi à l’âge, la sexualité, la race et la classe sociale. D’un côté la captation d’un nouvel espace de communication (Twitter), et de l’autre l’exclusion à l’égard de concurrents et concurrentes — femmes, féministes, personnes racisées, personnes homosexuelles – n’adhérant pas à la vision masculiniste véhiculée par les tweets publiés par ce « boys club ». La maîtrise de ce réseau social et la visibilité qu’y ont acquis certains et certaines a en effet constitué pour ces néo-journalistes un sésame pour accéder à des postes dans des médias renommés. Le tout à un moment où le Web est apparu comme une solution de sortie de crise pour les directions de médias – dont la presse écrite généraliste – connaissant de graves difficultés financières. Preuve s’il en est de l’efficacité de ces stratégies, plusieurs membres de la « ligue du LOL » ont, par la suite, occupé des fonctions de direction dans les médias. Par l’usage qu’ils ont fait des réseaux sociaux pour disqualifier les concurrents et concurrentes et servir leurs carrières, ces journalistes ont participé au renforcement de la violence du fonctionnement de l’espace journalistique et à la réaffirmation de l’ordre genré dans les entreprises de presse. Loin d’être un épiphénomène, cette affaire met donc au jour des logiques structurelles d’organisation du travail dans les rédactions.
On comprend mieux alors pourquoi les femmes journalistes se mobilisent pour dénoncer des rapports hommes/femmes inégalitaires qui se traduisent par des écarts persistants au niveau des salaires ou de l’évolution des carrières. S’il est difficile d’attribuer à ces mobilisations un quelconque effet sur la réduction des inégalités de genre dans les médias, celles-ci auront permis de prendre au sérieux et de lancer la discussion sur ces thèmes dans les rédactions et de faire écho aux débats institutionnels en la matière.
http://www.gen-g.com/
Le 20 mars 2019 aura lieu la journée de la francophonie. L’occasion pour Babbel, l’appli leader de l’apprentissage des langues étrangères, de faire l’état des lieux de l’apprentissage de la langue française autour du monde.
Le français se place au 2ème rang des langues les plus apprises dans le monde selon l'OIF (Organisation internationale de la francophonie).
Disponible dans le monde entier, Babbel a réalisé une enquête auprès de 10 pays (Allemagne, Suisse, Australie, Canada, Royaume-Uni, USA, Italie, Espagne, Mexique et Brésil) afin de connaître les principales motivations de ces pays pour apprendre notre chère langue.
Les trois premières motivations sont :
Tout le monde le sait, elle est perçue comme la langue la plus sexy du monde... D’ailleurs, 53 % des italiens se lancent dans l'apprentissage de la langue française pour être plus séduisant ! La langue française ne perd pas de son charme.
En Australie la langue française a du succès : 70% d’entre eux portent un intérêt à apprendre le français. Pour être mieux connectés à leurs amis français, 19 % des allemands apprennent le français contre seulement 9% des américains.
Différents facteurs entrent en jeu dans l’envie d’apprendre le français : parler la langue lors d’un voyage, lire un livre ou regarder un film en français, pouvoir commander dans un restaurant, parler à des collègues de nationalité française ou encore filtrer avec un étranger.
Une fois que l’on connaît quelques mots, il faut se lancer ! Partir dans le pays de la langue que l’on apprend est un excellent moyen de s’exercer. C’est d’ailleurs la 1ère motivation pour les espagnols tandis que 17% des américains ont le déclic suite à la lecture d’un livre ou au visionnage d’un film.
Pour 56% des britanniques parler le français permet d’améliorer leurs opportunités professionnelles. Les motivations d’apprendre la langue de Molière sont fortes en Amérique du Sud puisque 15% des Mexicains et 16% des Brésiliens veulent apprendre le français pour leurs études. Contre seulement 2% des américains.
Une multitude d’occasions qui font vivre la langue française à travers le monde.
Francophonie - Une journée tunisienne en 2019 avant le Sommet de 2020
Patrice Zehr
À l’occasion du prochain Sommet de la Francophonie, qui aura lieu à Tunis à l’automne 2020, l’Alliance Française de Tunis et l’Institut français de Tunisie s’apprêtent à organiser une journée de rencontres et d’échanges sur les enjeux économiques et culturels de la francophonie.
Les perspectives économiques, les défis culturels, la mobilisation des acteurs de la francophonie au-delà des frontières et le renforcement d’une unité territoriale autour d’une langue commune, constitueront les thèmes principaux des panels de cette journée qui aura lieu le samedi 9 mars 2019 à la Cité de la Culture à Tunis.
Réunissant des personnalités du monde francophone appartenant à la sphère culturelle, artistique, politique et économique, le Forum est ouvert à tous, dans la limite des places disponibles.
Parmi les invités attendus figurent Christiane Taubira, femme politique et ancienne Ministre de la Justice, Ferid Memmiche (conseiller du président pour la francophonie), Bassem Loukil (Président de l’Alliance Française Tunis), Marie-Christine Saragosse (Présidente de France Média Monde), Samar Louati (Présidente de l’ATUGE), Xavier North (Inspecteur général des Affaires culturelles), Afif Ben Yedder (Président d’IC Publications), Gilles Pécout (Recteur de l’académie de Paris), Paul-Emmanuel Ndjeng (Fondateur du blog Inbound 361), Mohamed El Kettani (Président d’Attijariwafa Bank), Bruno Bernard (Économiste spécialiste de l’économie francophone), Marie Chantal Uwitonze (DG de Mach Consulting), Faouzia Zouari (Écrivaine), Étienne Minoungou (comédien et metteur en scène), Jacques Bonnaffé (comédien et metteur en scène).
Ce Forum de la Francophonie sera clôturé par un plaidoyer pour la francophonie de Christiane Taubira.
L'ONU célèbre la radio qui touche un public plus large que tout autre média
https://news.un.org/fr/story/
A l’occasion de la Journée mondiale de la radio, célébrée chaque année le 13 février, l’ONU a rappelé que la radio demeure un « puissant médium » touchant le plus grand nombre d'individus sur tous les continents.
Plus de 100 ans après son invention, la radio diffuse des informations essentielles et fait connaître des questions importantes au plus grand nombre, souligne le chef de l’ONU. « Même aujourd’hui, à l’ère des communications numériques, la radio touche un public plus large que tout autre média », a reconnu le Secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, dans un message publié à l’occasion de la Journée.
« À l'heure actuelle, la communication sur les ondes peut être un remède à la négativité qui semble parfois prévaloir sur la toile », a pour sa part déclaré Audrey Azoulay, la Directrice de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) dans un message pour la Journée, expliquant que son agence s’efforce partout dans le monde d’accroître la diversité et la pluralité des stations de radio.
En 2019, la radio reste un formidable forum d’échange d’idées entre citoyens, rappellent les deux hauts responsables onusiens.
« C’est (…) un média personnel et interactif, qui permet aux auditeurs d’exprimer leurs vues, leurs préoccupations et leurs griefs », a dit le Secrétaire général, soulignant que la radio « peut contribuer à créer des communautés ».
Même point de vue pour la cheffe de l’UNESCO, pour qui la radio joue un rôle indispensable pour stimuler le débat public, renforcer l'engagement citoyen et instaurer la compréhension mutuelle. « La radio demeure l'un des médias les plus réactifs et participatifs, qui s'adapte aux changements du 21e siècle et offre de nouveaux moyens d’interagir et de prendre part à des débats importants, notamment pour les plus défavorisés », a rappelé Mme Azoulay.
Atteindre et informer les plus démunis de la planète. C’est tout le sens de l’action de l’UNESCO en faveur des stations de radios, notamment dans les contextes de développement.
« Les femmes vivant en zone rurale constituent notamment l'un des groupes les plus sous-représentés dans les médias. Elles sont deux fois plus susceptibles d'être analphabètes que les hommes », a alerté Mme Azoulay. « La radio peut donc constituer un instrument crucial pour leur permettre de s’exprimer et d’avoir accès à l'information », a ajouté la Directrice générale.
En Afrique subsaharienne, l'agence onusienne apporte son soutien à des stations de radio qui permettent aux femmes de participer au débat public, notamment en abordant des questions souvent laissées de côté, telles que le mariage forcé, l'éducation des filles ou encore la protection de l’enfance.
La radio, un médium au service du dialogue, de la tolérance et de la paix
Cette année, la Journée mondiale de la radio a pour thème : « Dialogue, tolérance et paix ».
« Pour le système des Nations Unies, et en particulier pour nos opérations de maintien de la paix, la radio est un moyen essentiel d’informer, de réunir et d’autonomiser les personnes touchées par la guerre », a rappelé M. Guterres.
Au Mali, en République centrafricaine et en République démocratique du Congo, les radios de la MINUSMA (Mikado FM), de la MINUSCA (Guira FM), et de la MONUSCO (Radio Okapi) constituent un service public d’information crucial, dans les régions où les journaux papier, la télévision et l’internet sont difficilement accessibles au quotidien.
« Dans des régions qui ont été le théâtre de conflits, la radio peut dissiper les craintes et révéler le visage humain d'anciens ennemis », a pour sa part déclaré Mme Azoulay, citant, en exemple les radios communautaires dans le nord-ouest de la Colombie qui, avec le soutien de l'UNESCO, pansent d’anciennes blessures en mettant en exergue les bonnes actions qu’accomplissent des combattants démobilisés, comme l'assainissement des cours d’eau pollués.
Par Ilyes Zouari,
Président du Centre d'étude et de réflexion sur le monde francophone (CERMF)
Dans sa définition géographique la plus stricte, le monde francophone compte désormais 509 millions d’habitants. Une progression essentiellement due à l’Afrique francophone, dont l’émergence démographique et économique fait toutefois face à une certaine indifférence contre-productive de la France.
La population du monde francophone a dépassé les 500 millions d'habitants courant 2018, et peut être estimée à 509 millions au 1er janvier 2019. Et ce, dans sa définition géographique la plus sérieuse, qui ne tient compte que des pays et territoires réellement francophones, dans lesquels l'on peut "vivre en français".
509 millions d'habitants début 2019, et non 300 millions
Il s'agit donc d'un ensemble de 33 pays répartis sur quatre continents, et dans lequel ne sont pas comptabilisés les territoires non francophones de pays comme la Belgique, la Suisse ou le Canada, tout comme des pays membres de l'OIF, mais ne remplissant aucun des critères nécessaires afin de pouvoir être considérés comme francophones (Liban, Roumanie, Rwanda...).
Dans ce vaste espace de 16,3 millions de km2, soit près de quatre fois l'Union européenne tout entière, les trois premiers pays sont la République démocratique du Congo (RDC, 85,7 millions d'habitants), la France (67,6 millions) et l'Algérie (43,2).
Avec une croissance démographique annuelle de 2,2 %, le monde francophone constitue l'espace linguistique le plus dynamique au monde, et a récemment dépassé l'espace hispanophone (470 millions d'habitants, et +0,5 % par an). Une croissance qui devrait porter sa population à un peu plus d'un milliard en 2060, contre 128 millions en 1950.
Par ailleurs, il convient de rappeler que le chiffre de 300 millions de francophones avancé par l'OIF ne correspond à aucune réalité économique (taille du marché), ou géopolitique. Toute statistique ne tenant pas compte de l'ensemble de la population des pays et territoires francophones n'a pour seule et unique conséquence que d'induire en erreur les décideurs économiques et politiques, en dévalorisant considérablement à leurs yeux le monde francophone.
L'émergence démographique et économique de l'Afrique francophone
La progression démographique du monde francophone résulte essentiellement du dynamisme de l'Afrique francophone (416 millions d'habitants pour 25 pays, contre 74 millions en 1950), qui se traduit notamment par la montée en puissance de ses villes qui occupent désormais huit des dix premières places d'un classement des métropoles francophones dominé par Kinshasa (13,2 millions d'habitants mi-2018), Paris (10,9 millions) et Abidjan (5,3).
Un essor qui s'accompagne d'un dynamisme économique, et notamment en Afrique francophone subsaharienne qui constitue le moteur de la croissance africaine. Ainsi, cet ensemble de 22 pays a enregistré les meilleures performances du continent pendant six des sept années de la période 2012-2018, avec une croissance annuelle de 4,2 % en moyenne (4,9 % hors cas très particulier de la Guinée équatoriale), contre 2,9 % pour le reste de l'Afrique subsaharienne. Un dynamisme particulièrement important dans les pays de l'UEMOA, plus vaste zone de forte croissance du continent (6,3 % en moyenne annuelle sur la période, et 6,4 % en 2018).
Investir en priorité en Afrique francophone
Pourtant, force est de constater un certain manque d'intérêt de la France pour l'Afrique francophone, où elle est économiquement presque totalement absente d'un certain nombre de pays, comme la RDC. À cela s'ajoute une répartition globale des aides publiques françaises au développement qui ne bénéficie que très minoritairement au monde francophone, celui n'ayant reçu en 2016 qu'environ 15,4 % du montant total (soit 2,7 Mds d'euros), bien loin des 52,0 % accordés aux pays de l'UE (9,2 Mds, dont 89,3 % pour les treize pays membres d'Europe orientale - UE 13, aux 115 millions d'habitants). Et ce, en dépit de toute logique économique ou géopolitique.
D'un point de vue économique, parce que les principaux pays bénéficiaires de l'UE s'orientent surtout vers l'Allemagne, dont la part de marché a été de 20,8 % en 2016 dans les pays de l'UE 13, contre 3,9 % pour la France (dont les aides reviennent donc à "subventionner" les exportations allemandes, ou la célèbre expression "travailler pour le roi de Prusse"). Par ailleurs, toutes les études démontrent que les échanges peuvent être bien plus importants entre pays et peuples partageant une même langue (les touristes québécois sont proportionnellement quatre fois plus nombreux que les touristes américains à venir chaque année en France... et à y dépenser).
Enfin, parce que c'est en Afrique francophone qu'il convient d'investir massivement, d'une part afin de tirer pleinement profit de son dynamisme, et d'autre part parce que c'est bien en accélérant son émergence économique qu'augmentera encore plus fortement l'apprentissage du français à travers le monde, et ce, au bénéfice économique et géopolitique de la France et de l'ensemble des pays francophones. Quant au niveau géopolitique, justement, parce que la majorité des pays de l'UE vote régulièrement contre les positions françaises au sein des instances internationales, contrairement à la majorité des pays francophones avec qui la France partage nombre de valeurs communes en matière de politique étrangère.